Je descends du bus.
Pas de route. Pas de panneau. Juste une chaleur moite, écrasante, et ce grondement sourd qui monte de la forêt.
La jungle m'appelle. Elle ne murmure pas. Elle hurle.
Je suis venu faire du volontariat auprès d’une famille Quichwa.
Le genre d’expérience que tu ne réserves pas sur Airbnb.
Ma nouvelle salle de bain ?
Un fleuve géant, brun et puissant, partagé avec quelques piranhas, des poissons volants, et d’autres colocataires un peu plus discrets mais tout aussi… vivants.
Le jour, c’est un lieu de vie.
Les enfants y plongent, s’éclaboussent, rient à gorge déployée.
Les adultes viennent s’y laver, laver leur linge, ou simplement se rafraîchir.
Mais la nuit… c’est une autre histoire.
On y descend avec des lampes frontales et des lignes à pêche.
Objectif : piranhas.
Mais toujours en gardant un œil sur les reflets à la surface.
Les crocos, eux aussi, sortent le soir.Ici, on parle kichwa, une langue ancestrale amazonienne.
Seul le fils de la famille parle espagnol. Les autres communiquent avec les gestes, les regards et reste très reservés.
Et moi ? Je suis devenu prof de français la journée… et élève de kichwa le soir.
Le programme ?
Déblayer des terrains, ouvrir la voie à coups de machette, replanter des jeunes pousses de bananier, récolter les fèves de cacao (et faire du chocolat).
Le travail est physique, brutal, mais étrangement apaisant.
Je découvre les codes de la jungle :
– Ne pas s’éloigner sans les chiens (eux connaissent le chemin).
– Ne jamais s'appuyer sur une branche (elles sont parfois habitées… de serpents).
– Et ne pas trop croire qu’un moustique est un détail.
Ils m’ont trouvé délicieux.
Ils n’avaient sûrement jamais goûté de Français, et visiblement, ils ont adoré.
Entre deux journées de travail, je pars explorer la jungle, parfois seul, parfois suivi de chiens silencieux.
Je goûte des plats locaux que je n’ose même pas nommer. 👀
Je vis une cérémonie étrange pour l’Inti Raymi, la fête du soleil, où l’on m’applique un piment sacré... dans les yeux. Oui, dans les yeux.
Je ne sais toujours pas ce que ça devait provoquer.
Mais j’ai vu flou pendant deux jours et le chaman m’a dit que j’étais “ouvert”; parfait alors !
La nuit, je dors dans un hamac, sous une moustiquaire trouée, bercé par les bruits hypnotiques des grenouilles et des singes hurleurs.
Et au matin, je me réveille différent.
Plus simple. Plus vivant. Plus humain.
🌿 Tu viens quand goûter la jungle ? Je t’apprendrai à manier la machette (et éviter le piment).